Pour voir l'unique (!) photographie réussie de cette eclipse, regardez dans la page des photos de l'éclipse.
De splendides images sont cependant visible dans le site de la Société Astronomique de Genève!!!
NOTES D'OBSERVATION, PRISES LE 11 AOUT 1999, A ARLON, BELGIQUE, A L'OCCASION DE L'ECLIPSE TOTALE DE SOLEIL
Extrait du rapport d'observation.
Départ de Bruxelles.
Le ciel était très chargé et il tombait des cordes au départ de Bruxelles, entre 6H30 et 7H30, ce qui ne laissait présager rien de bon.
Voyage Bruxelles-Arlon.
Départ de la Gare Centrale aux environ de 7H20. La SNCB (Société Nationale de Chemin de fer Belge) avait organisé des convois spéciaux du fait de l'événement. Le train était déjà plein, si bien que le couloir central du wagon dans lequel nous étions, moi et mon père, était rempli de gens. Ces derniers ont du se taper le voyage jusqu'à Arlon debout; avec les retards, tout le monde a dû rester environ 3 heures dans le train. A une station d'Arlon, l'impatience nous gagnant lentement, nous avons été fortement tentés de prendre un car pour la ville de Virton, qui allait bénéficier d'une éclipse un peu plus longue. Finalement, la simple vue du nombre de personnes se dirigeant vers les arrêts de bus nous avait dissuadés.
Arrivée à Arlon.
Le temps était toujours gris lors de notre arrivée dans la petite ville wallonne de 25000 habitants, mais il ne pleuvait pas. Nous nous sommes installés approximativement au moment du début de l'éclipse (11H07). La place Léopold était pleine de gens attendant impatiemment l'heure fatidique où la ville serait plongée dans l'obscurité: 12H28. La plupart étaient, tout d'abord, optimistes sur le succès du spectacle. Tous, par contre, étaient munis des fameuses et indispensables lunettes de protection... ou tout du moins d'un ustensile suffisamment efficace, car à ma connaissance, je n'ai pas relevé dans la presse ou dans d'autres services d'information le moindre cas de cécité grave en Belgique.
Eclipse ou pas éclipse?
Entre deux gros nuages, un Soleil de plus en plus grignoté par la Lune apparaissait, accompagné par un gigantesque cri d'admiration et un tonnerre d'applaudissements, provenant d'une foule considérable, dont la nervosité augmentait. Mais les prières et les encouragements ne suffisaient pas à dégager le ciel, si bien que pendant la demi-heure précédant la phase de totalité, seul une épaisse couche nuageuse s'offrait à nous, décourageant même quelques-uns qui, passant près de notre poste d'observation, m'aient dit qu'il était vain d'espérer voir quelque chose, si ce n'était les nuages. Moi, inconfortablement installé sur une barrière, derrière mon Reflex, j'essayais de garder l'espoir, lançant des paris avec un bruxellois, Robert, assis près de nous. Ce n'est juste que quelques minutes avant l'éclipse totale que la voûte grisâtre s'est localement déchirée, d'une façon presque providentielle. On y croyait vraiment plus...
La place Léopold commence à se remplir. On est ici environ une heure avant la
phase de totalité.
Photos prises depuis notre emplacement, un peu à l'écart de la foules.
Une ville hurlante.
L'ambiance était déjà extraordinaire lors de chaque apparition du Soleil - ou plutôt de ce qui en restait - entre deux nuages. Mais au moment ou tout le monde s'était aperçu que l'on verrait bel et bien l'éclipse dans sa phase totale, un hurlement de joie s'était élevé de la ville, suivant la « vague » qui a balayé le continent eurasiatique à la vitesse de 3000 kilomètres à l'heure. Sans aucun doute possible, le spectacle a été à la hauteur des espérances de la centaine de milliers de personnes présentes à Arlon. La nuit s'était abattue sur la cité à 12H28, pendant un peu moins d'une minute. Une minute d'extase, de délire! Une ambiance comme jamais je n'en avais connu. A faire pâlir les organisateurs de rencontres de football...
Juste avant la totalité, alors que déjà la foule exultait à l'apparition d'une trouée de ciel bleu, légèrement voilée, et d'un Soleil presque entièrement recouvert par la Lune, j'ai vu, traversant rapidement le ciel depuis l'Ouest, ce qui semblait être les ombres provenant des turbulences de l'air, se reflétant sur la fine couche de brume. Ce sont ses ombres, dues aux variations de température, que l'on surprend furtivement à passer sur le sol, lorsque le ciel est parfaitement dégagé.
Lors de la phase totale de l'éclipse, après la disparition du solitaire, on voyait très bien la couronne, ce halo entourant l'astre du jour, modelé par les lignes de force magnétique de l'étoile. Le ciel était aussi lumineux que pendant une nuit de pleine Lune (peut-être un peu moins? ) mais ses couleurs étaient celles d'un crépuscule. J'ai remarqué Vénus, en bas à gauche du Soleil. Robert sautait dans tous les sens. Un chien, pas très loin de moi, aboyait, certainement complètement désorienté par cette nuit soudaine. Un grand nuage d'oiseaux avait traversé le ciel, juste devant l'éclipse, à la recherche de leur nid. Une image impressionnante d'une nature un peu désorientée.
Une fusée a été lancée depuis une espèce de grande arbalète, installée à la place Léopold. Elle servait à faire fuir la Lune...
Puis, le retour du Soleil a reçu, en guise d'accueil, un autre tonnerre d'applaudissements et de cris de joie - moins de cris que d'applaudissements -, comme s'il y avait quelqu'un à remercier (oui, la Nature...). Chacun, moi le premier, essayait de se ressaisir, de reprendre ses esprits. Nous venions de vivre 57 secondes d'une intensité rare!
Un événement unificateur.
Une journée impressionnante que celle du 11 août 1999, et qui restera dans les mémoires: les rues d'Arlon, après l'éclipse, étaient encombrées de personnes comme rarement (ou jamais?) elles ne l'ont été. La SNCB affirmait que, en l'espace de 2 heures le matin du 11, 25000 personnes avaient pris le train pour se rendre en Gaume. Effectivement, à l'allée comme au retour, les trains étaient bondés; imaginez: un convoie à deux étages, rempli à un tel point qu'on s'entassait dans les escaliers et contre les portes de sortie. De plus, ce spectacle a convié, presque de manière simultanée, plus de 350 millions de personnes à travers le continent à lever le nez vers le ciel; une union, peut-être virtuelle, des peuples contre les propos apocalyptiques débiles proférés de si de là, contre la bêtise. Une union qui n'a comme base qu'un phénomène d'ordre orbital: le passage de la Lune à un noeud de son orbite lors de la phase de nouvelle Lune.
Il ne suffit parfois que d'un spectacle de la Nature...
Sandro, mercredi 11 août 1999, Bruxelles, BELGIQUE.
Une vue d'Arlon :